"Alice", Cristina Lucas






 Présentation
Artiste
« Cristina Lucas est une artiste espagnole spécialisée dans le land art. (Le land art est une tendance de l’art contemporain utilisant le cadre et les matériaux de la nature (bois, terre, pierres, sable, rocher, etc.). Le plus souvent, les œuvres sont à l’extérieur, exposées aux éléments, et soumises à l’érosion naturelle ; ainsi, certaines œuvres ont disparu et il ne reste que leur souvenir photographique et des vidéos.) »
L’œuvre
« Alice »
Son dernier projet au Centre d’art contemporain de Séville (Espagne), le 10 avril 2013, s’inspire d’une scène d’Alice aux pays des merveilles où celle-ci, devenue trop grande, se retrouve prise au piège d’une pièce beaucoup trop étroite.
Le lieu
Le centre d’art contemporain de Séville
Au XIIème siècle, afin de tirer profit de la boue argileuse du Guadalquivir, de nombreux fours à céramique furent construits à cet emplacement par les Almohades.
Une légende raconte que, vers 1248, la Vierge apparut dans les anciens fours. Un ermitage franciscain fut alors construit à l’emplacement de cette apparition, prenant le nom de Santa Maria de la Cuevas (Sainte Marie des Grottes en castillan). Par la suite, vers 1400, les Franciscains furent déplacés à El Aljarafe et le monastère devint chartreux, fondé par Don Gonzalo d’Ore, Archevêque de Séville.
Il connut des visiteurs prestigieux, comme Christophe Colomb, ami du Frère Gaspar Gomicio, dont il reçut l’appui pour son deuxième voyage, qu’il prépara au monastère. Treize ans après sa mort, en 1519, il fut provisoirement enterré dans la Chapelle Sainte Anne du monastère, avant que sa dépouille soit transférée en 1541 dans la cathédrale de Saint-Domingue.
Le monastère servit aussi de retraite à Philippe II. 
Le conte d’Alice
Pourquoi le conte de Lewis Caroll, « Alice au pays des merveilles » a-t-il intéressé l’artiste ?
Ce conte relate les aventures d’une jeune fille basculant derrière un miroir et rencontrant un monde fantastique tantôt merveilleux, tantôt effrayant entre rêve et cauchemar. C’est bien ce que propose cette œuvre à la fois séduisante et cauchemardesque. Alice prend la posture des prisonniers dans leur cellule, attendant leur libération.
Les représentations d’Alice
La toute première Alice, photographiée par Lewis Carroll
Annie Leibovitz
Photographe célèbre pour ses mises en scènes spectaculaires.
Celixie
Photomontage
Interprétation
La condition féminine
En transposant le conte dans la réalité, l’artiste met en lumière l’emprisonnement physique et moral de la femme dans sa propre maison à l’époque de l’Andalousie mauresque. Mais cet enfermement est encore d’actualité. L’artiste dénonce ici la condition féminine en montrant une femme devenue prisonnière de sa maison. L’habitation devient le corps de la femme aux dimensions gigantesques.
Le pouvoir
Cristina Lucas (1973, Jaen, Espagne) s’intéresse aux mécanismes du pouvoir. Ses œuvres sont construites à partir de l’analyse attentive des principales structures politiques comme l’État ou la religion, que l’artiste dissèque afin de faire apparaître les contradictions qui existent entre les histoires officielles, l’histoire réelle, et la mémoire collective.
 Prolongements
Ce changement de proportions s’appelle un changement d’échelle comme c’est le cas dans Marylin de Joana Vasconcelos avec sa chaussure géante faite de marmites accumulées.
Les teintes jaunes de la façade et du visage se prolongent. L’expression du visage de la jeune femme est sans émotion, comme apathique. La main pendant le long du mur montre un certain abattement, une sorte de lassitude. L’artiste montrerait-elle que l’enfermement des femmes est une sorte de fatalité ?
On peut rapprocher le mouvement de la main à celui de Michel-Ange dans la Chapelle Sixtine, « La Création », sauf que dans l’œuvre de Lucas, le contact ne s’opère pas, la création est stérile avec une seule main.